Cette technique traditionnelle avait été mise de côté au profit de méthodes de fabrication plus efficaces en terme de rentabilité financière. Aujourd’hui, alors que de plus en plus de gens sont soucieux de ce qu’ils se mettent sur le corps et de l’impact qu’ils ont sur leur environnement, le savon à froid représente une véritable alternative écologique.
Les différents modes fabrication des savons
Aujourd’hui, on retrouve classiquement sur le marché trois types de savons durs :
- La savonnette classique faite à partir de bondillons, celle à prix très abordable en grande surface
- Le savon au chaudron comme le savon de Marseille
- Le savon fabriqué par saponification à froid encore appelé SAF
Le bondillon
Il permet de fabriquer une savonnette à faible coût car il s’agit de malaxer dans une machine (une extrudeuse) des billes de savon. Celles-ci sont fabriquées pour la plupart en Malaisie ou en Indonésie à base d’huile de palme. Ensuite, l’assembleur ou le bondillonneur ajoute à sa guise colorants, parfums, agents de conservation, agents chélateur et d’autres. C’est un savon fabriqué à chaud, ne contenant pas de glycérine.
Le savon au chaudron
Le savon au chaudron est travaillé à chaud pendant plusieurs heures. Ensuite, des relargages sont effectués pour retirer l’excès de soude (car à chaud on travaille toujours en excès de soude. Oui là on rentre dans le côté technique) ainsi que la glycérine. La pâte à savon est passée pour cela dans des bains successifs d’eau salée. On retire donc l’excès de soude, les impuretés et la glycérine. Celle-ci ayant une forte valeur marchande, elle sera revendue aux laboratoires cosmétiques pour ses propriétés hydratantes.
Le savon issu de la saponification à froid
Celui-ci est fabriqué par des artisans savonniers comme d’ailleurs le savon à chaud, c’est juste la taille des entreprises qui change ! En SAF (saponification à froid), le processus de fabrication est difficilement industrialisable, les structures restent donc de petites tailles.
La fabrication se fait en mélangeant des huiles végétales à un alcali. La réaction de saponification en chimie est une réaction dite totale ce qui veut dire qu’ elle s’arrête quand tout l’alcali est utilisé. De plus, ce savon est fabriqué avec un excès d’huile (le surgras) pour l’hydratation de la peau.
La glycérine produite naturellement pendant le processus chimique, n’est pas retirée du savon. Puis le savon part en cure pendant 4 semaines avant sa mise en vente.
Les avantages de produire un SAF pour notre environnement
La production nécessite peu d’énergie : on chauffe très peu, juste pour faire fondre les beurres végétaux afin de les mélanger aux huiles végétales (un beurre comme la coco, le cacao, le karité est solide, une huile végétale comme l’huile de sésame est liquide ), à l’inverse d’un savon à chaud ou d’un fonctionnement d’une extrudeuse.
On utilise peu d’eau comparé au procédé au chaudron car on utilise des huiles plus « nobles » donc sans impuretés et surtout on ne retire pas la glycérine, naturellement produite par la saponification. Pour moi, la glycérine est la plus importante et c’est ce qui fait des savons à froid des savons de soins et de qualité. Pourquoi ? Car la glycérine est très hydratante et permet de reconstituer le film hydrolipidique de la peau, son film protecteur !
Le savon à froid est un produit stable dans le temps qui ne développe pas de bactéries, pas besoin d’y ajouter des produits synthétiques très polluants pour le conserver comme l’ ETDA qui est très irritant, très peu biodégradable et écotoxique ou encore des parabens.
Concernant les autres matières premières, la grande majorité des savonniers à froid se refusent à utiliser de l’huile de palme vu son impact écologique. Et qu’en est-il des parfums qui nous sont si chers et si importants sous notre douche ? Généralement , dans les savons industriels, tous sont d’origine synthétique avec tout ce que cela sous entend comme matières peu sympathiques, aussi bien pour notre santé que pour l’environnement !
Il faut savoir que derrière la dénomination « parfum » sur la liste INCI de vos produits, se cache bien souvent un mélange chimique contenant entre autre des phtalates, un perturbateur endocrinien très décrié.
Les savons à froid sont quant à eux souvent parfumés aux huiles essentielles, car elles sont d’origine naturelle impactant moins notre santé, mais malheureusement peu ou pas biodégradables.
Les savons à froid, ce sont aussi des emballages simples et facilement recyclables comme du film alimentaire ou encore des boîtes en carton. Si on compare à un gel douche : imaginez la quantité de flacons de gel douche que vous pouvez acheter dans votre vie, vous y êtes ? Vous les voyez tous et bien maintenant multipliez les juste par le nombre de Français… Cela fait peur, non ? Alors n’essayez pas d’imaginer à l’échelle de l’union européenne ni à celle du monde ! Même moi je n’y arrive pas ! Là si j’essaie, je suis en panique complète et je me dis non c’est pas possible !
Tous les savons à froid ne se valent pas
Attention toutefois, il ne faut pas non plus acheter n’importe quel savon à froid les yeux fermés. Il faut savoir par exemple qu’il est très difficile d’obtenir des couleurs vives de manière naturelle. Alors, si vous voyez un savon rouge vif ou violet, pensez à vérifier la liste des ingrédients, car des ingrédients synthétiques se cachent bien souvent derrière de jolies colorations. Pas tout le temps heureusement, il est aussi possible d’obtenir de jolies couleurs 100% naturelles. De même, un savon plus blanc que blanc pourrait bien contenir du dioxyde de titane qui est lui aussi controversé. A surveiller donc.
Si vous trouvez des parfums de fraise, chocolat ou caramel, c’est certes très gourmand mais pour le côté naturel vous y repasserez. Enfin, même si cela reste minoritaire, l’huile de palme est encore parfois utilisée dans la composition de savons.
Le produit d’hygiène corporelle parfait : n’impactant ni notre santé, ni notre environnement existe t-il ? Je ne sais pas mais pour moi, le moins impactant reste le savon issu de la saponification à froid.
J’ai d’abord été convaincue en tant qu’utilisatrice, puis revendeuse et maintenant productrice puisque je me suis lancée dans la création de ma propre savonnerie artisanale en début d’année avec pour objectif, vous l’aurez compris, de produire en 100% naturel avec le minimum d’impact sur l’environnement.
Si vous le souhaitez, vous pouvez contribuer à ce projet puisqu’une campagne de financement participatif vient d’être lancée sur la plateforme Ecobole. Et en échange de votre contribution, vous aurez bien évidemment la joie de tester nos savons;)
Le lien vers notre campagne de crowdfunding : https://www.ecobole.eu/fr/savonnerie-zenzitude
Pour conclure, je tiens particulièrement à remercier Florian de m’avoir ouvert les portes de Nature Obsession pour vous parler de ma passion.
Bonjour, j’utilise du savon d’alep. J’imagine que ce n’est pas un SAF?
Par contre, j’ai un doute quant au fait que le film alimentaire, dérivé du pétrole, soit recyclable.
En tous cas merci pour cet article qui éclaircit les choses et donne bien envie d’aller voir de plus près le travail des artisans savonniers ?